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2 – La Sendère et l’Echez 

L’Echez

Est-ce que les rives de l’Echez ressemblaient à celles de l’Adour dans cette lithographie ?

Thierry frères, Paris XIXe siècle, Musée Massey

L’origine du nom est contestée (mentionné dès 1281 : du basque exe + ez ‘maisons’,

du gascon eschéus ‘sureaux’, ou une variante de Lees).

Inondations

L’Echez suit l’ancien lit du gave de Pau. Ses crues étaient légendaires :

« En 1955 il y a eu de l’eau jusqu’à l’emplacement actuel de l’école La Sendère !

Le conseil municipal a du changer ses projets d’installation de cimetière à cet

endroit ! »

Son cours a été souvent réaligné ou renforcé. Le Hameau de l’Echez est construit

sur un ancien bras de la rivière.

Canaux et fossés

Toute la zone était sillonnée de fossés d’irrigation et de drainage, et de canaux destinés 

aux moulins, scieries et plus tardivement pour alimenter une petite centrale électrique
au château d’Urac.

«C’était dangereux, je ne laissais pas ma fille y aller.

 Les fossés étaient profonds, et l’eau coulait vite. »

Le cours de l’eau était contrôlé par des vannes.  (photo  personnelle)

Sur la rue Vergé un moulin à blé abandonné est devenu la laiterie Lafforgue vers 1950.
« On y allait avec notre bol chercher le fromage blanc et la crème. C’était bon ! »
C’était une entreprise moderne pour l’époque, la première à proposer des yaourts. Ramassage 
de lait et vente de produits couvraient un très grand secteur.

 Le propriétaire a comblé le canal et rehaussé les rives de l’Echez à ses frais pour cause
d’inondation, mais a dû fermer sa laiterie face à la concurrence industrielle vers 1970.
Un réparateur de télévisions a repris le bâtiment jusqu’en 2011.

Loisirs

Également dans cette rue se trouvait le Dancing Marina, tenu par M. Vergé.
« On pouvait louer des barques. Avant la guerre on s’y glissait pour regarder
danser les adultes, ou pour acheter une glace. Il y avait beaucoup de monde –
nous, on ne pouvait plus supporter Tino Rossi ! »
L’établissement n’a pas survécu à la guerre, et est devenu un club de squash
dans les années 1980.

La pêche était une grande attraction. «Truites, anguilles, goujons, tanches, brochets
y abondaient » écrivait M. Cazaux, instituteur, dans sa Monographie de
Bordères de 1887. Mais il en déplorait déjà le dépeuplement dû à
« l’empoisonnement ».

La faune abondante incitait à la chasse. On y trouvait des bécasses, des lièvres,
des cailles, et des nuages de palombes. En hiver le ciel se remplissait de corbeaux.
En été les Tarbais aimaient s’y promener et prendre le frais.
« Des fois des séminaristes venaient se promener le long de l’Echez – ils étaient
nombreux, une cinquantaine. Ils portaient la soutane noire alors on se cachait
et on imitait les cris des corbeaux ! Ils nous couraient après, mais on se cachait
dans les maïs ! »

Une digue (vers l’actuel Hameau de l’Echez) donnait un peu de profondeur
pour des baignades, où l’on ne faisait pas que s’amuser :
« De mai à octobre on partait avec le savon et la serviette, et gare à nous si on
ne rentrait pas propre à la maison ! »

Ce lieu a aussi pris le nom de bains militaires dans les souvenirs. Les soldats de
la caserne Reffye venaient en manoeuvres dans le secteur avant la première
guerre. Est-ce qu’ils s’y baignaient également ? En tout cas pendant la deuxième
guerre :
« Les Allemands venaient se baigner des fois – on leur chipait les habits ! »
Plus tard le bistro sur la route de Pau était bien connu des appelés. Il paraît
qu’on pouvait y faire de belles rencontres !

Les Péchédès et la Sendère

Les pâturages :

Les rives de l’Echez ont longtemps été une zone de pastoralisme disputée. En
1294 un accord a été signé entre Ibos et Tarbes à ce sujet.
Mais on remarque sur les cartes anciennes l’absence de toute ferme sur la rive
droite, ce qui est confirmé par les témoignages, et peut s’expliquer par les risques
d’inondation.
On se rappelle aujourd’hui que les vaches venaient chaque jour des fermes de
Ste-Anne (les noms des rues témoignent de l’occupation des habitants, ainsi
que le montre la carte de la page ci-contre), en suivant les chemins étroits
d’Urac (actuelle Victor Clément), puis de la Sendère, jusqu’à l’Echez.
« On ramassait tous le crottin pour le jardin ! »
Tout le monde faisait pousser des légumes, tous avaient une basse-cour, mais
il y avait un seul élevage, situé sur le chemin de la Sendère.
« Les chèvres ! Tu te souviens comment ça sentait mauvais ! Et la chevrière qui
faisait exprès de les laisser brouter dans les champs ! »
Mais rien ne pouvait concurrencer l’odeur des « fauves » pensionnaires chez
un tanneur qui habitait également sur le chemin : un ours, un sanglier, un renard
et une genette ! Ils sont partis suite à une pétition des voisins…

Les champs :

Les gros propriétaires de Bordères ou de Ste-Anne cultivaient essentiellement
du maïs, souvent accompagné de haricots, et des pommes de terre, dont il y
avait une forte demande de la Caserne Reffye.
Ces trois récoltes constituaient la base de l’alimentation quotidienne depuis
peu de siècles, étant d’introduction relativement récente.

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