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5. La guerre 1939-1945                                        

De Laviana à Urac

En 1937, suite à des violents combats et une résistance héroïque des mineurs des Asturies, la région est
dévastée et la population cherche à fuir les massacres.

Les mineurs français et britanniques soutiennent cet exode.

« On a été évacués de Gijon en 1937 par bateaux jusqu’à Bordeaux. Un d’eux a coulé tellement
il y avait de monde. Il y avait quelques hommes, des blessés, sinon il n’y avait que des mamans avec
leurs enfants. J’avais 8 ans. »

« La Croix Rouge nous a bien accueillis à Bordeaux, mais on nous a tout de suite
envoyés par train à Barcelone. On y est restés un an. Ils pensaient qu’on allait
être en sécurité là, et même pouvoir rentrer chez nous. »

« Mais Barcelone est tombée aussi, et nous sommes tous partis à pied vers la
France, sous les bombardements. Il faisait froid, c’était le mois de février 1939.
Il a fallu 13 jours de marche. Deux enfants de notre groupe sont morts en route.
On est arrivés du côté de Perpignan. Après quelques temps notre groupe a été
dispersé. Nous, les 3 enfants avec notre maman, on nous a mis dans un train
pour Limoges.
On était dans un refuge provisoire. Il fallait nous ‘caser’. Le parti a proposé aux
mamans d’envoyer leurs enfants en Russie où on s’occuperait bien de nous…
Ma mère a refusé, disant qu’elle avait déjà perdu son mari, et qu’elle préférerait
rentrer mourir en Espagne plutôt que de se séparer de nous.
Un jour on a appris que les mineurs anglais avaient acheté un château pour
nous ! C’est comme ça qu’on est arrivés à Urac. On a eu une première surprise :
on y retrouvait tous nos amis ! On était tous de la même petite ville, Laviana. »

Temas de Asturias, Alto Nalon n°226/7/8 (2005)

Les mineurs britanniques avaient voulu aider en priorité les orphelins des Asturies. Après de longues tractations ils ont participé à l’achat du château en 1939. La Fédération Nationale des Travailleurs du Sous-sol a pris en charge les frais d’hébergement du groupe.

 « On était contents ! Il y avait du chauffage, des douches… C’était vraiment la vie de château !

 On s’occupait bien de nous. On nous a envoyés à l’école à Bordères. Les Français étaient gentils comme tout. Ils nous ont donné des habits, des cahiers. On a vite appris le français, on était bien intégrés.

 Les mamans travaillaient au château. Elles faisaient le ménage, la cuisine, tout. Elles ont appris à travailler la terre. »

                                                        Temas de Asturias, Alto Nalon n°226/7/8 (2005)

Temas de Asturias, Alto Nalon n°226/7/8 (2005)

« C’était très organisé. Chaque enfant avait un travail à faire. Les grands allaient chercher le lait à
la ferme, d’autres allaient à la boucherie… »

Les baraquements

La fin du lac

 
Pendant la guerre un chantier de jeunesse était installé à la ferme du château (en face) pour assécher le lac. Les terres étaient réquisitionnées pour cultiver des légumes destinés à la cantine de l’Arsenal.

Crise de logement

Au début de la deuxième guerre, avec l’arrivée massive de réfugiés, la population de Tarbes passe en quelques mois de 34 000 à 55 000 habitants.

Dans les années 50 les baraquements ont été démolis. Les habitants ont trouvé plus de confort à la nouvelle
Cité Vidal.

« Il y avait un baraquement qui n’a pas été détruit. On a pu l’acheter et le rénover. C’est toujours là. »

Les terrains deviennent des jardins familiaux.

Le quartier pendant la guerre

Le ravitaillement

« Mon père faisait la queue pendant plusieurs heures pour avoir du pain à la boulangerie du chemin d’Urac à partir de 4 h du matin, après une nuit de travail à la gare de triage. »

 « Parfois on m’envoyait jusqu’à Miélan pour chercher du pain. J’en prenais pour les amis aussi – des pains de 5kg, ça pèse ! On sautait du train avant qu’il n’arrive en gare de Tarbes, pour pas se faire repérer, et on traînait le sac le long des rails jusqu’à la maison. Ma mère me donnait aussi de quoi acheter un bon repas, tant que j’étais là-bas. Ici on n’avait pas grand-chose. »

 « On déterrait les pommes de terre qui poussaient dans les champs en face. Le fermier le savait, il ne disait rien. On piquait aussi du raisin, des cerises dans les jardins des voisins … »

 
La résistance

Beaucoup d’habitants de la Sendère travaillaient aux chemins de fer, à l’Arsenal ou dans d’autres usines. Ils étaient donc bien placés pour recueillir des renseignements, participer à des sabotages ou aider des personnes à s’évader.

Chacun qui faisait ce choix participait à son niveau :

  « J’étais en apprentissage à Hispano-Suiza (Alsthom). Je marchais jusqu’à la gare, puis je prenais le train de 6 h du matin jusqu’à la gare d’Ampère-Vielle, à côté de l’usine. On essayait de ralentir la production (allemande), et souvent on y laissait  des petits défauts… »

 Nos rues rappellent les noms de quelques héros (voir carte page suivante).

 Bien sûr, comme partout, il y a eu aussi des actes beaucoup moins glorieux.

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